Demain, de nouvelles pommes de discorde

La disponibilité d’un vaccin éprouvé va être à tout point de vue synonyme de délivrance, mais il faudra pour cela attendre que la vaccination soit massive. En attendant, il n’y a plus qu’à tenir dans des conditions de confinement imparfaites, soulagé de leur impact économique inférieur à celui de la vague précédente de la pandémie, sans trop savoir si une troisième succèdera au Printemps à la deuxième en cours.

Ce n’est pas simple, car la Commission relève que les mesures d’urgence  gouvernementales ne doivent pas continuer de creuser le déficit au-delà de l’année prochaine. Examinant les projets de budget 2021, elle épingle plus particulièrement dans les cas français et italien des dépenses qui ne sont ni provisoires ni compensées. Dans le premier, la Commission relève que presque la moitié des efforts entrent dans cette catégorie, notamment la baisse des impôts de production et les hausses de salaires dans les hôpitaux. 

De nouveaux sujets de discussion et de divisions apparaissent donc entre les chefs d’État et de gouvernement, qui vont avoir l’occasion de faire un tour de chauffe dès jeudi lors d’une conférence vidéo officiellement consacrée à la crise sanitaire. Paolo Gentiloni, le commissaire à l’Économie de Bruxelles, confirme que l’endettement à court terme ne pose pas de problème, mais il pointe le bout du nez en ajoutant que la question de la soutenabilité future de la dette ne peut être écartée. Sans aller plus loin, il préconise à nouveau une réforme du pacte de stabilité européen afin que la préparation des budgets nationaux 2022 se fasse dans la clarté… Dans ce domaine, personne ne dévoile encore ses batteries. 

Comment débloquer la validation du plan de soutien européen en attendant ? Les dirigeants hongrois ne sont pas prêts d’être amenés à résipiscence et le temps passe, alors que l’on sait déjà que les enveloppes de prêts et de subventions ne seront pas suffisantes, surtout si une troisième vague de la pandémie intervient. Et que de toute façon il faut s’attendre à ce que son adoption et sa mise en œuvre par la lourde machinerie des parlements nationaux impliquent des délais significatifs imposant des mesures relais.

L’hypothèse d’une « coopération renforcée » avancée par les autorités françaises – au moins neuf pays de l’Union s’y retrouvant, la Hongrie et la Pologne n’en faisant plus alors partie – n’est plus systématiquement rejetée. « Nous regarderons s’il le faut en dernier ressort comment avancer sans les pays qui bloquent car l’Europe ne peut être retenue en otage par un certain nombre de gouvernements qui ne souhaitent pas avancer, qui ne souhaitent pas respecter le socle essentiel de notre projet politique  », a déclaré Clément Beaune, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes. Une pomme de discorde de plus. 

 « Les entreprises qui ont survécu jusqu’à présent en augmentant leurs emprunts et en tirant parti de leur épargne pourraient décider que rester ouvertes n’a plus de sens sur le plan commercial » prévient la BCE qui a calculé que les retombées de la pandémie pourraient produire 1,4 milliard d’euros de prêts improductifs dans un scénario, plus qu’en 2008. La mutation de cette crise en une crise bancaire serait en conséquence dévastatrice». Standard & Poor’s appuie où cela fait mal, constatant que les mesures qui ont stabilisé les banques et aidé les emprunteurs à survivre ne peuvent pas durer éternellement, l’agence prédit que « 2021 sera probablement plus dur que 2020 et sera le vrai test pour les banques car la levée progressive des mesures de soutien des gouvernements révélera la vraie qualité de leurs actifs ».

Paolo Gentiloni a provisoirement le mot de la fin : « les conséquences de cette crise seront profondes et longues, et cela signifie que nos politiques budgétaires devraient être maintenues dans cette position très favorable peut-être plus longtemps qu’on aurait pensé. » 

Une réponse sur “Demain, de nouvelles pommes de discorde”

  1. « la baisse des impôts de production » « les hausses de salaires dans les hôpitaux. »

    Cette curieuse méthode de résolution du déficit est très préoccupante. La baisse sur les impôts de production est encore acceptable. Ces gens-là de l’industrie en ont vraiment besoin pour survivre. Mais augmenter les salaires des hospitaliers? Je vous le demande! D’abord, à quoi servent-ils? Ils ne produisent rien, que je sache.

    Redevenons un peu sérieux, pas trop.
    Un excellent point de vue sur les vaccins et leurs manipulations à fins politicardes avec comme conséquence involontaire le délitement de l’Europe (bruxelloise):
    http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2020/11/hongrie-pologne-si-proches-si-differentes.html

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